jeudi 31 janvier 2019

Esther Salomé : Esther ou la sagesse


Esther ou la Sagesse



Mal connu des chrétiens, le livre d'Esther est d'une grande importance dans la vie culturelle juive.
Ce texte est un texte fondamental qui mets en scène les grands archétypes humains. Les gens qui ont écrits cela avait une connaissance fine de l'être humain.

Ce serait une gageure de l'évoquer en quelques lignes. Je vais donc me limiter au strict nécessaire.

Esther partage avec Salomé d'avoir désigné au roi, un homme qui sera mis à mort.
Salomé condamne Jean-Baptiste le saint, Esther condamne Haman le maudit.

Salomé est à Esther ce que Jéphtée est à Abraham.

L'autre point commun entre le livre d'Esther et l'histoire de Salomé, c'est la question des victuailles, de la fêtes et des orgies.

Or, voici ce que demande Esther aux gens de son peuple, pour l'aider à résoudre la difficulté devant laquelle elle se trouve :

Va, rassemble tous les Juifs qui se trouvent à Suse, et jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours, ni la nuit ni le jour. Moi aussi, je jeûnerai de même avec mes servantes,


La question est une affaire de ventre avant d'être une affaire de bas-ventre.

Sans doute devons nous croire que la danse que fit Salomé devant Hérode est bien cette danse où la femme montre son nombril.

mercredi 30 janvier 2019

Esther et Salomé : Salomé ou la débauche



Salomé ou la débauche

Deux autres hommes meurent à cause d'une femme : il s'agit d'Haman, le méchant, et de Jean Baptiste, le gentil.
La première histoire est racontée dans le livre d'Esther, la seconde dans l'évangile de Marc et de Matthieu.
Mais les deux textes sont reliés entre eux par la petite phrase que prononce le roi à chacune des femmes : Je te le donnerai jusqu'à la montée du royaume. Scellant de façon certaine le lien qu'il y a entre la mort de Haman au gibet et la mort du Christ sur la croix.

Commençons par Salomé.

L'histoire est connue, elle est brève, lisons là dans l'évangile de Matthieu :

« Car Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l’avait lié et mis en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » 

Il voulait le faire mourir, mais il craignait la foule, parce qu’elle regardait Jean comme un prophète. Or, lorsqu’on célébra l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. 

À l’instigation de sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu’on la lui donne, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. »

Plusieurs points sont à souligner dans cette histoire :

Hérode fête son anniversaire, c'est à dire qu'il est dans cet état régressif de la petite enfance et qui allie grande faiblesse et tout puissance.

La tête est livrée sur un plateau de victuaille, le crime à plus à voir avec l'alimentaire que le sexuel, malgré toutes les apparences du contraire. Il suffit ici de penser au sein, dont la fonction est de nourrir mais qui possède une haute charge érotique.

Il est question d'inceste, soit dans la relation d'Hérodiade avec Hérode et son frère, soit dans le fait que la jeune fille qui émoustille le roi est sa propre belle-fille.

Mais en fait il s'agit d'un inceste avec la mère, Hérodiade, puisque c'est bien vers la mère qu'est apporté le présent de la tête de Jean Baptiste.



mardi 29 janvier 2019

Sarah, Rebecca, Bethsabée : Bethsabée ou l'adultère.


Bethsabée ou l'adultère.






Alors que son armée est partie à la guerre, David se prélasse dans son palais. Un soir qu'il se promène sur les toits, il aperçoit Bethsabée, la convoite et la fait venir dans sa couche. 
Puis lassé la renvoie.
Mais voilà qu'un enfant s'annonce. 
David organise alors la mort du mari, Urie, au moyen d'ordres qu'il fera transmettre par le Urie lui-même, de sorte que Urie est l'artisan de sa propre mort
Urie est tué au combat ainsi que plusieurs soldats de David. Après  la période de deuil, David, récupère la femme et l'enfant. 


Mais, ce que David avait fait déplut à l'Eternel.

Il est clair que ce qui pose problème ici est l'enfant. 
Juste coucher, dans le fond... une fois qu'on est las, on renvoie et basta. Mais il y a l'enfant. Et c'est parce qu'il y a l'enfant que David est obligé de tuer Urie et de sacrifier ses propres soldats.

Aujourd'hui on a des méthodes plus sophistiquée, l'aspirateur à embryon, 200 000 avortements par an en France 


Nous allons nous arrêter sur un petit passage :

Qui frappa Abimélec, fils de Jerubbésheth? N'est-ce pas une femme qui jeta sur lui, de dessus la muraille, une meule tournante, et il en mourut à Thébets? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille?-alors tu diras: Ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi.

Nous retrouvons ici un nom que nous avons évoqué déjà plusieurs fois : Abimelek.

Il s'agit de ce personnage qui semble un roi et qu'Abraham et Isaac rencontre. C'est avec lui qu'ils se disputent Sarah et Rebecca. Mais le Abimelek dont il est question ici est un personnage du livre des juges. 
Nous avons parlé de lui à propos d'Ayël. C'est lui qui dit :

Tire ton épée, et me tue, de peur qu'on ne dise de moi, une femme l'a tué. 

Dans la bible, les noms lorsqu'ils se répètent forment comme des index qui permettent de naviguer dans le texte en renvois successifs.

Ici nous croisons Sarah, Rebecca et Bethsabée avec Deborah, Yaël et Judith.

Le message est clair : Urie est mort à cause d'une femme, à cause de sa femme plus précisément.

Nous retrouvons le "à cause de Sarah", ou "à cause de ma femme" de la Genèse.

Rappelons le verset coranique qui fait de la femme la responsable de sa vertu :

Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah

Bethsabée a trahi Urie, Urie en est mort.

lundi 28 janvier 2019

Sarah, Rebecca, Betsabée : Rebecca


Rebecca ou le mariage


L'histoire est racontée une troisième fois, Il s'agit encore du roi Abimelek, mais cette fois avec Rebecca. Isaac répète les gestes de son père mais Abimelek est maintenant expérimenté de sorte qu'il gère le problème.

Et quand les gens du lieu s'enquirent qui était sa femme, il répondit: C'est ma soeur; car il craignait de dire: C'est ma femme; de peur, disait-il, qu'il n'arrive que les habitants du lieu ne me tuent à cause de Rébecca; car elle est belle à voir. Or il arriva après qu'il y eut passé quelques jours qu'Abimélec, Roi des Philistins, regardait par la fenêtre, et voici, il vit Isaac, qui se jouait avec Rébecca sa femme. Alors Abimélec appela Isaac, et lui dit: Voici, c'est véritablement ta femme; et comment as-tu dit: C'est ma soeur? Et Isaac lui répondit: C'est parce que j'ai dit: Afin que peut-être je ne meure à cause d'elle. Et Abimélec dit: Que nous as-tu fait? Il s'en est peu fallu que quelqu'un du peuple n'ait couché avec ta femme, et que tu ne nous aies fait tomber dans le crime. 
Abimélec donc fit une ordonnance à tout le peuple, en disant: Celui qui touchera cet homme, ou sa femme, sera certainement puni de mort.
Et Isaac sema en cette terre-là, et il recueillit cette année-là le centuple; car l'Eternel le bénit.

Abimelek déclare qu'Isaac et Rebecca sont mari et femme, et qu'ils ne doivent pas être touché, sexuellement bien sûr, c'est de cela dont il est question.

Abimelek invente le mariage.

Rebecca est la première mariée.

Rébecca est souvent présentée comme un modèle de la soumission à la volonté divine, un peu à la manière d’Abraham, mais la situation est quelque peu différente, puisqu’Abraham prend ses ordres directement de Dieu, quand Rébecca n’obéit qu’à un serviteur qui s’en recommande. Rébecca est plutôt le prototype du mariage arrangée, son nom signifiant quelque chose comme "passer la corde au cou", et son obéissance, la bonne grâce avec laquelle des millions de filles de par le monde s’y soumettent. Le texte ne confond pas le mariage arrangé avec le mariage forcé : c’est joyeuse que Rébecca quitte sa famille pour vivre avec un homme qu’elle ne connait pas, et si sa famille la laisse partir, c’est qu’après qu’elle ait manifesté son accord. Accord qui n’est pourtant pas un choix libre et volontaire mais bien l’expression de l’harmonie entre la volonté individuelle et l’organisation sociale 

dimanche 27 janvier 2019

Sarah Rebbeca Bethsabée : Sarah et Pharaon



Sarah -Abimelek
La soeur comme objet d'échange.

L'histoire de la rencontre entre Sarah et Pharaon se répète deux autres fois.,
La deuxième fois, avant que Saraï ne donne naissance à Isaac.
Certains commentateurs voient dans la répétition des histoires, le mélange de diverses sources, copiées par divers rédacteurs. Non, dans la Genèse tous les mots sont choisis pour être à la place  où ils sont.
La répétition des histoires permet d'en souligner l'importance et de montrer la même histoire sous un autre jour, c'est le chapitre 20.

Lisons le en entier :

1 Et Abraham s'en alla de là au pays de Midi, et demeura entre Kadès et Sur, et il habita comme étranger à Guérar. 
Or Abraham dit de Sara sa femme: C'est ma sœur; et Abimélec, Roi de Guérar, envoya, et prit Sara. 
Mais Dieu apparut la nuit dans un songe à Abimélec, et lui dit: Voici, tu es mort, à cause de la femme que tu as prise, car elle a un mari. 
Or Abimélec ne s'était point approché d'elle. Et il dit: Seigneur, feras-tu donc mourir une nation juste? 
Ne m'a-t-il pas dit: C'est ma sœur? Et elle-même aussi n'a-t-elle pas dit: C'est mon frère? J'ai fait ceci dans l'intégrité de mon cœur, et dans la pureté de mes mains. 
Et Dieu lui dit en songe: Je sais que tu l'as fait dans l'intégrité de ton cœur, et aussi ai-je empêché que tu ne péchasses contre moi; c'est pourquoi je n'ai pas permis que tu la touchasses. 
Maintenant donc rends à cet homme-là sa femme, car il est Prophète; et il priera pour toi, et tu vivras. Mais si tu ne la rends pas, sache que tu mourras de mort, avec tout ce qui est à toi.
Et Abimélec se leva de bon matin, et appela tous ses serviteurs, et leur rapporta toutes ces choses, eux l'écoutant; et ils furent saisis de crainte. 
Puis Abimélec appela Abraham, et lui dit: Que nous as-tu fait? Et en quoi t'ai-je offensé, que tu aies fait venir sur moi et sur mon royaume un grand péché? Tu m'as fait des choses qui ne se doivent point faire. 
Abimélec dit aussi à Abraham: Qu'as-tu vu qui t'ait obligé de faire cela? 
Et Abraham répondit: C'est parce que je disais: Assurément il n'y a point de crainte de Dieu en ce lieu-ci, et ils me tueront à cause de ma femme. 
Et aussi, à la vérité, elle est ma sœur, fille de mon père; mais elle n'est pas fille de ma mère; et elle m'a été donnée pour femme. 
Et il est arrivé que je lui ai dit, lors que Dieu ma conduit çà et là, hors de la maison de mon père; c'est ici la grâce que tu me feras, dis de moi dans tous les lieux où nous irons: C'est mon frère.
Alors Abimélec prit des brebis, des bœufs, des serviteurs, et des servantes, et les donna à Abraham, et lui rendit Sara, sa femme.
Et lui dit: Voici mon pays est à ta disposition, demeure où il te plaira. 16 Et il dit à Sara: Voici, j'ai donné à ton frère mille pièces d'argent; voici, il t'est une couverture d'yeux envers tous ceux qui sont avec toi, et envers tous les autres; et ainsi elle fut reprise.
Et Abraham fit requête à Dieu; et Dieu guérit Abimélec, sa femme, et ses servantes; et elles eurent des enfants. 
Car l’Éternel avait entièrement resserré toute matrice de la maison d'Abimélec, à cause de Sara femme d'Abraham.


Au chapitre précédant nous avons vu la femme comme objet de concurrence : l'homme court le risque d'être tué à convoiter une femme convoitée par un homme plus fort que lui.
Si Abraham se sent mort, la véritable menace de mort est adressé à l'encontre d'Abimelek par Dieu lui-même. :

ici, tu es mort, à cause de la femme que tu as prise, car elle a un mari. 

Ce n'est pas une menace pour le temps futur, genre il va venir te tuer. Non tu es mort, déjà mort. Ta vie va devenir un enfer.
C'est la découverte de la crainte de Dieu dont Abraham se désole de l'absence.
Mais il y a aussi, ici, comme précédemment, des échanges de cadeaux "à cause" de madame.

c'est ici la grâce que tu me feras, dis de moi dans tous les lieux où nous irons: C'est mon frère.
Alors Abimélec prit des brebis, des bœufs, des serviteurs, et des servantes, et les donna à Abraham, et lui rendit Sara, sa femme.
 
Le gars, il a une sœur. Il la laisse à un autre homme qui lui donne en échange des présents.
 L'autre homme rend aussi la femme.
Bien sûr, Abraham récupère ici SA femme, mais l'échange d'une façon générale, si vous aviez une soeur, permettait d'obtenir une autre femme d'un autre clan. On a là de le prototype de l'échange des femmes qui est valorisé par l'échange des présents.

samedi 26 janvier 2019

Sarah, Rebecca, Bethsabée : Sarah et Pharaon

Sarah, Rebecca, Bethsabée

 La femme comme objet de concurrence.


L'affaire est racontée dans la Genèse et comme pour d'autres histoires importantes, cette histoire est contée trois fois, deux fois avec Sarah, une fois avec Rebecca et pour faire bonne mesure, elle est reprise dans l'histoire de David avec Bethsabée.
Elle  est racontée en parallèle d'une triple histoire de puits.

Commençons pas Sarah, sa place dans l'histoire de la Bible, lui donne le rang d'archétype fondateur.

Mais la famine étant survenue dans le pays, Abram descendit en Egypte pour s'y retirer; car la famine était grande au pays. 
Et il arriva comme il était près d'entrer en Egypte, qu'il dit à Saraï, sa femme: Voici, je sais que tu es une fort belle femme; 
C'est pourquoi il arrivera que quand les Égyptiens t'auront vue, ils diront: C'est la femme de cet homme, et ils me tueront, mais ils te laisseront vivre. 
Dis donc, je te prie, que tu es ma sœur, afin que je sois bien traité à cause de toi, et que, par ton moyen ma vie soit préservée. 
Il arriva donc qu'aussitôt qu'Abram fut venu en Egypte, les Égyptiens virent que cette femme était fort belle. 
Les principaux de la cour de Pharaon la virent aussi, et la louèrent devant lui, et elle fut enlevée pour être menée dans la maison de Pharaon. 
Lequel fit du bien à Abram, à cause d'elle; de sorte qu'il en eut des brebis, des bœufs, des ânes, des serviteurs, des servantes, des ânesses, et des chameaux. 
Mais l’Éternel frappa de grandes plaies Pharaon et sa maison, à cause de Saraï femme d'Abram. 
Alors Pharaon appela Abram, et lui dit: Qu'est-ce que tu m'as fait? pourquoi ne m'as-tu pas déclaré que c'était ta femme? 
Pourquoi as-tu dit, c'est ma sœur? car je l'avais prise pour ma femme; mais maintenant, voici ta femme, prends-la, et t'en va. 
Et Pharaon ayant donné ordre à ses gens, ils le conduisirent, lui, sa femme, et tout ce qui était à lui.

Comment comprendre cette histoire ?
Glissons sur le fait que Saraï devait avoir au moins soixante cinq ans quand elle rencontre Pharaon et plus de 80 quand elle rencontre Abimelek. Sarah était très belle, c'est à dire qu'elle était très jeune.

Le point à remarquer d'abord, c'est la complète passivité de Saraï, ni elle ne parle, ni elle ne manifeste la moindre résistance, ni à Abram, ni à Pharaon. Rien ne permet non plus de dire que Saraï fit quelque chose pour séduire. Ni maquillage, ni vêtement qui mettent en avant les formes, Sarah devait sans doute être belle, simplement.
Malgré sa passivité le texte nous dit que les choses se passent ainsi "à cause d'elle"

Il y a dans l'affaire un rapport de pouvoir entre Pharaon et Abram. Le mouvement de Saraï d'Abram vers Pharaon est ce qu'on appelle l'hypergamie de la femme, c'est à dire sa tendance à rechercher un conjoint de rang plus élevé. Saraï ici suit son penchant naturel.

Le risque pour Abram, c'est d'être tué.
Pourquoi Pharaon tuerait Abram. ?
Deux explications sont possibles.
Soit que pour Pharaon, l'adultère soit plus déshonorant que le meurtre au point qu'il lui soit insupportable de prendre la femme d'un autre homme sans l'avoir au préalable tué afin de ne rien commettre de déshonorant.
Soit que la réponse se trouve dans l'histoire de Bethsabée, puisque David fait à Urie, ce qu'Abram craint que Pharaon lui fit.
Or David s'en fout que Bethsabée soit mariée, le problème ne survient que parce Bethsabée se trouve enceinte :

Et sur le soir il arriva que David se leva de dessus son lit, et comme il se promenait sur la plateforme de l'hôtel Royal, il vit de dessus cette plateforme une femme qui se lavait, et cette femme-là était fort belle à voir. 
Et David envoya s'informer de cette femme-là, et on lui dit: N'est-ce pas là Bath-sebah fille d'Eliham, femme d'Urie le Héthien? 
Et David envoya des messagers, et l'enleva; et étant venue vers lui, il coucha avec elle; car elle était nettoyée de sa souillure; puis elle s'en retourna en sa maison. 
Et cette femme conçut; et elle envoya le faire savoir à David, en disant: Je suis enceinte.

Aussi la question ne serait pas une question d'honneur mais une question de propriété. Abram a peur que Pharaon fasse un enfant à Saraï et qu'il le tue pour garder la propriété de son enfant.

Ainsi David fait tuer Urie :

Et il écrivit ces lettres en ces termes: Mettez Urie à l'endroit où sera le plus fort de la bataille, et retirez-vous d'auprès de lui, afin qu'il soit frappé, et qu'il meure.

vendredi 25 janvier 2019

Yael



YAEL


Arrêtons nous donc un instant sur le cas Yaël qui ne manque pas d'intérêt.

Nous sommes donc dans le livre des juges.

Barak, aidé par Deborah, attaque Sisera. L'armée de Sisera est défaite.

Sisera se réfugia à pied dans la tente de Yaël, femme de Héber, le Kénien; car il y avait paix entre Yabin, roi de Hatsor, et la maison de Héber, le Kénien.

Yaël sortit au-devant de Sisera, et lui dit : Entre, mon seigneur, entre chez moi, ne crains point. Il entra chez elle dans la tente, et elle le cacha sous une couverture.

Il lui dit : Donne-moi, je te prie, un peu d'eau à boire, car j'ai soif. Elle ouvrit l'outre du lait, lui donna à boire, et le couvrit. Il lui dit encore: Tiens-toi à l'entrée de la tente, et si l'on vient t'interroger en disant : Y a-t-il ici quelqu'un ? tu répondras : Non.

Yaël, femme de Héber, saisit un pieu de la tente, prit en main le marteau, s'approcha de lui doucement, et lui enfonça dans la tempe le pieu, qui pénétra en terre. Il était profondément endormi et accablé de fatigue; et il mourut.

Comme Barak poursuivait Sisera, Yaël sortit à sa rencontre et lui dit : Viens, et je te montrerai l'homme que tu cherches. Il entra chez elle, et voici, Sisera était étendu mort, le pieu dans la tempe.



L'histoire est rappelée dans le cantique de Deborah qui fait l'objet du chapitre 5 des Juges, Ce texte est considéré comme le plus ancien texte de la bible.





Bénie soit par-dessus toutes les femmes Jahel, femme de Héber Kénien, qu'elle soit bénie par-dessus les femmes qui se tiennent dans les tentes.

Il a demandé de l'eau, elle lui a donné du lait; elle lui a présenté de la crème dans la coupe des magnifiques. 

Elle a avancé sa main gauche au clou et sa main droite au marteau des ouvriers; elle a frappé Sisera, et lui a fendu la tête; elle a transpercé et traversé ses tempes. 

Il s'est courbé entre les pieds de Jahel, il est tombé, il a été étendu entre les pieds de Jahel, il s'est courbé, il est tombé; et au lieu où il s'est courbé, il est tombé là tout défiguré.

L’histoire n’est pas sans rappeler celle de Judith qui décapita le général ennemi Holopherne.


Mais l’affaire y est différente, il s’agit d’une espionne qui s’introduit dans le camp ennemi, y séduit le chef, puis l’assassine nuitamment. 

Judith partage avec Yaël, ce privilège d’être  "bénies entre les femmes ". Une seule autre femme aura le même titre, ce sera la très sainte Vierge Marie, mais c’est dans le nouveau testament. 

Ici ce sont deux femmes qui, pour le bien de leur communauté, ont tué par traîtrise un homme ennemi. Elles sont bénies.

En ce sens, Judith et Yaël se rapprochent de Dalila qui livrera Samson à ceux de sa communauté, les Philistins. Dalila ne tue pas , elle se sert du ciseau.

Esther, la grande Esther, elle même ne tue pas mais ordonne le massacre de la maison de Haman.

Que Yaël soit sanctifié dans le cantique de Deborah ne doit pas nous arrêter : les autres personnages du Livre de Juges,Ehud  Jephtée, Samson, présentés comme des héros,quand leurs actes sont ceux de criminels sans foi ni loi.

Sur le plan de la morale guerrière, il y a là de quoi nous étonner, nous voyons cette femme accomplir puis trahir les règles élémentaires de l’hospitalité et les soumettre aux objectifs de la guerre .

Ce que nous voyons là nous semble contre nature, en offrant une coupe de lait, Jaël se comporte en mère, accueillante, protectrice, et la voilà soudain qui se transforme en une sauvage guerrière, utilisant pour arme un pieu de sa tente, le lieu dans lequel elle se doit d’accueillir.

Nous savons la valeur de l'hospitalité pour le peuple Hébreux, diverses scènes nous le rappelle, par exemple l'accueil des trois anges par Abraham.

Ça peut peut-être paraître glorieux aux yeux de la guerre, ça ressemble à une dégueulasserie aux yeux de la morale.

Nous sommes ici face à des gens qui ont mis les objectifs de la guerre au-dessus du reste et qui sont prêts à tout trahir pour arriver à leurs objectifs.
Nous avons là un renversement des valeurs, ou un oubli des valeurs, dont les israélites payeront le prix fort.

Que cela soit un acte contre nature est confirmée par Deborah elle-même :

"mais tu n'auras pas d'honneur dans le chemin dans lequel tu iras; car l'Eternel vendra Sisera en la main d'une femme."

Plus tard dans le texte Amibelek rappellera le déshonneur d'être tué par une femme :

"Tire ton épée, et me tue, de peur qu'on ne dise de moi, une femme l'a tué."

Le déshonneur provient du fait que l’acte est contre-nature : si Dieu a partagé les qualités entre l’homme et la femme, celle-ci a eu celle de donner la vie, celui-là celle de donner la mort.
L'arme qu'utilise la femme est ici le pieu, pour Judith l'épée, marque du Phallus. Un renversement de la nature sexuée.

Ici, il y a une femme qui trahit sa féminité pour se conduire en guerrière.
Elle est acclamée en héros !  bien que son acte soit une punition qu'inflige Dieu à Barak pour avoir voulu entraîner les femmes dans la guerre !

Au final la victoire est volée à Barak et celle remportée par Yaël est simplement inutile puisque l' armée étant défaite, il avait de toute façon tout perdu que sa vie même n'avait plus tout à fait de l'importance.

Plus d'importance, sauf pour une mère qui le pleure :

"Par la fenêtre, à travers le treillis, La mère de Sisera regarde, et s'écrie: Pourquoi son char tarde-t-il à venir? Pourquoi ses chars vont-ils si lentement?"

Les larmes d'une mère qui, comme celles de toutes les mères dont le fils mort à la guerre.

Un fils tué par une autre femme, n'est-ce pas le comble de l'horreur ?

L’hospitalité, c’est le propre de la femme, elle est là pour accueillir. Ici Yaël le fait avec une coupe de lait, symbole de maternité, une coupe d’honneur, montrant bien par-là la signification de l’acte sur le plan moral, 
Puis elle se trahit.

Un mot encore, elle est mariée à un Khénien, c'est à dire un descendant de Caïn.
Ceci explique peut-être cela ?

mercredi 23 janvier 2019

Les Juges, les fous.





Le Livre des Juges.

les fous

Les hébreux ont tué la Déesse Ashera qui trône à côté de Baal, il ne vénère que YAHVE, le Dieu de la guerre :

chez Gédéon :

Prends le jeune taureau de ton père, et un second taureau de sept ans. Renverse l'autel de Baal qui est à ton père, 

et abats le pieu sacré (Ashéra) qui est dessus. 

Même Deborah la prophétesse se joint aux hommes pour aller combattre.

Pourtant, Dieu parle par la bouche de Deborah la prophétesse ,


et Il prévient :
 
tu n'auras point de gloire sur la voie où tu marches


On sait comment l'histoire se termine:

Yael tue Sisera à la honte de Barak


Jéphée tue sa fille, Les tribus se battent entre elle pour des raisons de butins.

le Lévite laisse massacrer sa femme par les Benjamin, à la suite de quoi il découpe le cadavre en morceaux qu'il envoie aux autres tribus pour réclamer vengeance.

Ceux-ci massacrent la tribu des benjamins, (les petit-derniers), au point qu'ils ne laissent aucune femmes à cette tribu.


Les hommes d'Israël avaient fait volte-face; et ceux de Benjamin furent épouvantés, en voyant le désastre qui allait les atteindre. 

.....

Le nombre total des Benjamites qui périrent ce jour-là fut de vingt-cinq mille hommes tirant l'épée, tous vaillants.

Six cents hommes, qui avaient tourné le dos et qui s'étaient enfuis vers le désert au rocher de Rimmon, demeurèrent là pendant quatre mois. 

Les hommes d'Israël revinrent vers les fils de Benjamin, et ils les frappèrent du tranchant de l'épée, depuis les hommes des villes jusqu'au bétail, et tout ce que l'on trouva. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qui existaient.

Et les voila partis à la guerre pour voler des femmes au tribus voisines.

Vous regarderez, et voici, lorsque les filles de Silo sortiront pour danser, vous sortirez des vignes, vous enlèverez chacun une des filles de Silo pour en faire votre femme, et vous vous en irez dans le pays de Benjamin.


Les Juges, les Fous.

dimanche 20 janvier 2019

La Pomme




L’épisode est probablement le plus connu de la bible. C’est celui où Ève, tentée par le serpent, propose de croquer la pomme.

L’église nous a toujours appris qu’il fallait voir là une métaphore de la sexualité au point que croquer la pomme est une façon de désigner  l’acte sexuel.
Pourtant le texte nous dit de l’arbre qu’il est celui de la connaissance du bien et du mal, ce qui, semble-t-il, n’a rien à voir.

Comment comprendre tout cela ?

La lecture que je fais de la bible n’est pas une lecture historique mais une lecture psychologique, je ne crois pas un seul instant qu’il soit question ici de nos premiers ancêtres mais simplement de nous même. Adam et Eve ne sont pas des ancêtres mais des proto-humains, c'est à dire des modèles qui nous constituent.

Nous voyons ici l’être humain qui vit dans un paradis fait d’innocence et qui se trouve projeté tout à coup dans le monde terrestre, or cet état nous l’avons tous expérimenté puisque nous sommes entrés dans le monde par la porte de la petite enfance. Or il existe pour les humains ce moment de rupture qui nous extrait de la petite enfance pour nous faire entrer dans l’enfance et qu’il est habituel, suite à Freud, de nommer Œdipe.

Proposons : le coup de la pomme, c’est œdipe.

« Vous serez comme des Dieux »

Nous avons vu que Dieu avait mis sur terre un Calife, un représentant, quelqu’un qui lui ressemble, puis qu’il a divisé en deux pour qu’il ne soit pas tout-puissant. Il a créer des humains répartis en demi-humains hommes et demi-humains femmes.
Le tout petit qui n’est pas encore séparé – psychiquement – vit encore dans le monde de la toute puissance, il a faim, il crie, on lui donne à manger. Tout le monde s’organise autour de lui pour satisfaire chacun de ses désirs. Sauf que voilà, le monde est ainsi fait que cela ne peut durer toujours et que la conscience de la séparation vient avec l’absence de la mère. Ce que l’enfant refuse puisqu’il veut rester dans ce stade où il est tel un Dieu, tout-puissant.
Nous pouvons poser à cette étape cet axiome : le désir premier et fondamental de l’homme est d’être Dieu.

La pomme

Sphérique, de couleur jaune, la pomme est une image du Soi, c’est-à-dire de la totalité non-clivé. Elle symbolise alors le « désir d’union », c’est-à-dire se désir fondamental d’être Dieu. Manger la pomme consistera alors au contraire à casser ce symbole d’union et à marquer la séparation.
Puisque s’il y a bien transgression, et que cette transgression est faite dans le but de retourner à l’état originel indifférencié du Divin ou pour lr moins à n'en pas sortir, cette transgression est un échec, elle ne permet pas d’obtenir le résultat escompté mais bien au contraire de prendre conscience de façon définitive que le désir d’union ne sera pas exaucé.
L’humain prend alors conscience de sa nature irrémédiablement clivée et découvre alors qu’il a un sexe, qui n’est pas le sexe de l’autre sexe et en a honte.

La connaissance du bien et du mal.

C’est parce qu’il devient conscient d’être un être clivé que l’homme peut penser le monde. Etant lui-même séparé du tout, ce qu’il ne savait pas avant l’Œdipe, l’homme peut observer le monde avec cet optique et discriminer les choses. Le jour n’est pas la nuit, le haut n’est pas le bas, le bien n’est pas le mal. Il acquière à ce moment-là la conscience discriminante qui lui permet de penser le monde.
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jeudi 17 janvier 2019

L'occultation


L'occultation

Dans le Coran, la création d’Adam et Eve est présentée de façon fort différente, le récit est énigmatique. Cela commence lorsque Dieu annonce aux anges qu'il va mettre sur un vicaire (Calife), un représentant sur terre. C'est comme si Dieu avait annoncé qu'il allait s'incarner sur terre, pour qu’il y ait une personne qui le représente et qui s’occupe de la terre en Son Nom. 

Les anges sont effrayés, et pour cause, ils connaissent la fureur divine et craignent que l’homme ne devienne un destructeur. Dieu les rassure en leur disant que Lui sait ce que les anges ignorent.

Puis vient la création d’Adam auquel Dieu enseigne la totalité des noms. En réalité, Dieu ne saurait avoir de nom, et les noms, par lesquels Il se nomme Lui-même, ne sont pas des noms mais des qualités. Qualités au moyen desquelles Dieu crée le monde et dans lesquels on retrouve nos couples d’opposées Par exemple,  Il est celui-qui élève et Il est celui abaisse, celui qui rend puissant, celui qui humilie les fiers.

A ce stade Adam possède l’ensemble des qualités Divines, par lesquelles Dieu crée le monde.
Alors Dieu dit aux anges :
 Allah dit: «Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre, et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez ? »

Ce qui signifie que Dieu connait le mystère de la séparation et qu’il sait que les anges ont ce rôle de manifester ou de cacher les qualités divines, c’est-à-dire de créer au sein de l’ordre divin l’alternance des qualités.
Ensuite, Dieu demande aux anges de se prosterner devant Adam, c’est-à-dire de se mettre à son service. Tous acceptent sauf Iblis, l’infidèle. Il y a un ange qui ne fera pas son boulot.
                                                                                                                   
Puis lorsque Dieu place Adam dans le Jardin d’Eden, c’est comme couple, ce n’est pas l’Adam primordial, celui de Genèse 1, mais l’Adam divisé en masculin et féminin, celui de Genèse 2.

mardi 15 janvier 2019

Adam et Eve


Adam et Eve 

 

 

Rappelons-nous comment Dieu voyant Adam seul avait décidé de lui trouver un compagnon et, après avoir subi de multiples échecs en lui proposant toutes sortes d’animaux, l’endormit dans un profond sommeil, puis il lui prit un côté pour façonner Ève. Le Coran confirme l’idée « 4 :1. Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, … »
Il y a d’abord la création d’Adam, l’homme primordial, mâle et femelle, puis la création par séparation d’Adam l’homme mâle, et d’Eve l’homme femelle.
Ainsi lors de la création d’Adam et Eve, il y a dans la psyché une déchirure avec occultation d’une part des contenus, les contenus féminins pour l’homme, les contenus masculins pour la femme.
La tradition a retenu qu’Êve était née d’une côte d’Adam, pourtant, partout ailleurs dans la bible, le mot hébreux «Tsela » est utilisé avec le sens de « côté », de sorte que l’on peut légitimement penser que pour façonner Eve, Dieu prit la moitié d’Adam. C’est l’idée que l’on retrouve dans l’expression « ma moitié » pour désigner son conjoint. Ainsi : c'est pourquoi l'homme laissera son père et sa mère, et se joindra à sa femme, et ils seront une même chair.[1]
Nous voyons ici encore que la division provoque le désir d’union. Le désir d’union, que les psy appellent attachement, n’est pas limité au genre humain puisque si l’ensemble de la création est faîte par division, tout est soumis au désir d’union.
Rappelons le passage dans son entier :
L'Eternel Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui. L'Eternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme. Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui. Alors l'Eternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L'Eternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme. Et l'homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme.[2]
Dans le chapitre précédent,  Dieu s’était contenté de le créer mâle et femelle :     
Dieu donc créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il le créa mâle et femelle.[3]
Notons au passage que si l’homme, mâle et femelle, est à l’image de Dieu, il faut alors conclure que Dieu lui-même est mâle et femelle.
De cela découle que l'Homme, c'est le couple.
 L'homme et la femme ne sont en réalité que des demi-Hommes qui doivent s'unir pour révéler la puissance Divine.


[1] Genèse 2 :24
[2] Genèse 3 :18-23
[3] Genèse 1 :18

vendredi 11 janvier 2019

Au commencement


Bereshit, le mot Genèse

Le mot alliance, Beriyth, a en hébreux la signification de trancher, ce qu’on retrouve dans le texte à travers la circoncision, mais aussi dans la séparation d’avec Loth (sépare-toi, je te prie, d'avec moi), ou, celle de Sarah et de Hagar (Chasse cette servante) la séparation d’Ismaël et d’Isaac (le fils de cette servante n'héritera point avec mon fils) ou d’Abram avec son père (Sors de ton pays, et d'avec ta parenté, et de la maison de ton père). De sorte que ce « trancher », la séparation, la division, le  partage sont au cœur des aventures d’Abraham.
Les rabbins qui ont toujours aimé les jeux de mots, ont remarqué que le mot Genèse, en Hébreux Bereshit, pouvait se décomposer en Ber, Esh, et It, en rassemblant les extrêmes ils forment le mot Berit, alliance, au milieu Esh, le feu. On comprend ici que le mot « alliance » n’a aucun sens dans le contexte de création du monde.  L’alliance apparaitra plus tard quand Eve cherchera à se coller à Adam. Mais pour le moment, il n’y a ni Eve ni Adam juste un feu qui passe au milieu d’une coupure. Nous retrouvons là le caducée des médecins.
Reprenons la séquence de la création :
1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. 
L’impression que l’on a là, c’est que l’ensemble de la création est condensé dans ce verset et que le reste du texte ne sera là que pour montrer comme elle se déploie. Tout est dit. Ou pas. Peut-être qu'il n'est dit que ce qui est écrit là : les cieux et la terre. Dieu crée deux mondes, l'un multiple et masculin, l'autre singulier et féminin. Nous aurons à discuter cette question quand il s’agira d’examiner la généalogie de Jacob, ses douze fils, sa seule fille.

Jung appelle Plérôme le temps avant le commencement et la première déchirure. Il dira de lui dans les sept sermons :
Le Néant et la Plénitude, nous l'appelons le PLÉRÔME. En lui le penser et l'être cessent, car l'éternel et l’infini n'a pas de qualités. Nul n'est en lui, car il serait alors distinct du Plérôme et aurait des qualités qui le différencieraient du Plérôme comme quelque chose. Dans le Plérôme est rien et tout: il n’est pas profitable de réfléchir sur le Plérôme, car cela signifie: se dissoudre soi-même.
Le yin et le Yang des chinois, au commencement, Dieu créé l’opposition.
La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
Remarquons ici le dualisme initial : Informe et vide, ténèbres et abîme, L’esprit de Dieu et les eaux. La raison en est l’opposition créée ci-avant. Ici, il n’y a encore rien, juste l’opposition des contraires :
Les qualités sont les COUPLES OPPOSÉES, comme  l’Effectif et l'Inefficace,
la Plénitude et le Vide,
le Vivant et le Mort,
le Différent et l'Identique,
Le Clair et l'Obscur, 
le Chaud et le Froid, 
l'Energie et la Matière, 
le Bien et le Mal, 
le Beau et le laid, 
l'Un et le Multiple, etc.
A ce stade, les qualités existent en Dieu mais ne sont pas encore manifestées. Quand elles le seront, le vide éloignera le plein et créera l’espace. C’est parce que le chaos se différencie qu’apparaissent les mondes, c’est parce que le masculin s’éloigne du féminin que se crée l’homme.

Les couples d'opposés sont les qualités du Plérôme, qui ne sont pas, parce qu'elles s'annulent. 
Poursuivons :
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour.
Avant que Dieu ne sépare les eaux il ne saurait y avoir quelque chose aussi Lumière et Ténèbres sont un principe métaphysique qui ordonne l’ensemble de la création alors qu’il n’y a encore rien. Pourtant le  texte affirme que c’est à partir de cette séparation que le temps est créé. Il est question de soir et de matin alors que nul astre ne domine le ciel. Le temps ici précède l’étendu. Peut-être est-ce l’oscillation de l’onde lumineuse qui rythme le monde ?
Bien qu’à ce stade le jour et la nuit ne saurait exister, Dieu appelle ainsi la Lumière et les Ténèbres, ce qui entraine que le monde que Dieu s’apprête à créer sera intelligible[1] Bon d’accord, à mal nommer les choses on risque de pires ennuis. La lumière et les ténèbres, le temps et l’intelligibilité sont les trois premières créations du premier jour. Il est assez probable que les deux dernières découlent de la première. Remarquons que la notion de lumière s’applique aussi bien pour les objets matériels que pour les objets spirituels. Est dans la lumière ce qui est conscient, est dans les ténèbres ce qui est inconscient. Ce double niveau de la lumière comme réalité matérielle et réalité spirituel, doit nous inciter à voir les créations toujours selon des deux plans, le plan matériel et le plan spirituel.


Dieu dit : Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux. Et Dieu fit l'étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l'étendue d'avec les eaux qui sont au-dessus de l'étendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l'étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le second jour.
Le deuxième jour Dieu crée une étendue, le ciel, qui lui permet de séparer les eaux d’en haut et les eaux d’en bas.  C’est la création de l’au-delà, ou en langage moderne de l’inconscient.

9 Dieu dit : Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. 
 
La terre apparait le troisième jour avec un phénomène étrange : les eaux d’en bas se rassemblent et forment la terre, apparait le sec et les amas d’eaux mers. Le principe ici est simple : la division crée le désir d’union. Nous ne sommes que le troisième jour, c’est-à-dire bien avant l’apparition des créatures. Il s’agit fondamentalement de la séparation entre le sec et l’humide, c’est la sortie de la bouillie chaotique initiale. Sur le plan terrestre il s’agit des continents et des océans, sur le plan psychique il s’agit du conscient et de l’inconscient. Sauf que cette séparation n’est pas faite par la division mais par le rassemblement. La division du deuxième jour crée le rassemblement du troisième jour.
A ce stade nous voyons l’apparition de ce qu’il est communément appelé amour. Que se passe-t-il ? La séparation crée le manque. Dès que Dieu place l’étendu qui sépare le monde entre ici-bas et au-delà le manque apparait et avec lui l’amour. Le manque se manifeste comme Désir de Dieu, la créature provient de Dieu et aspire à y retourner, elle est habité par la nostalgie des origines. Mais en raison de l’étendu qui fait obstacle, la divinité est inaccessible. Alors les créatures reportent leur désir sur d’autres créatures semblables à elles.  Par exemple, sous l’effet de l’érosion, les particules d’or s’assemblent avec les particules d’or et forment les filons d’or. Ici les pierres s’attirent entre elle, pendant que l’eau colle à l’eau.
In fine, même les pierres aiment.  C’est la loi d’attraction universelle, de Newton, l’expression de l’amour pour tout ce qui possède un corps et qui par le fait est séparé de Dieu. La pesanteur est alors le désir d’union des objets massiques.

Il existe une sorte de dallage dont l’origine remonte à l’antiquité connu chez les Francs-maçons sous le nom de pavé mosaïque. C’est un damier de dalles carrées blanches et noires, ou rouges, composant le sol entier ou un espace rectangulaire au centre de la loge.  Ce pavé est en relation immédiate avec le troisième jour, jour de l’apparition des contraires par rassemblement. A ma connaissance, aucun texte biblique, notamment le Livre des Rois, ne fait allusion à un dallage noir et blanc concernant le Temple de Salomon[2]. Il apparait cependant dans le livre d’Esther au verset 6 du premier chapitre dans la description des fêtes royales : « Des lits d'or et d'argent reposaient sur un pavé de porphyre et de marbre blanc, de nacre et de marbres noires. » En réalité il est assez difficile de savoir précisément ce que décrit ici le livre d’Esther, les mots y sont incertains aussi nous contentons nous de la version habituelle.  Ce qui nous intéresse ici est de voir le damier bicolore, mais de voir également que les pierres qui le composent sont aussi des pierres bicolores : le marbre est une pierre de couleur blanche mais qui présente du veinage qui forme des marbrures, souvent le fait d’oxyde métallique.  Le porphyre[3], du grec ancien πορφύρα, porphýra (« pourpre »), en référence à la variété rouge qui était la plus connue, est une roche volcanique qui présente une texture caractérisée par de grands cristaux de feldspath de couleur pourpre noyés dans une pâte rosée.  Le  porphyre rouge antique dont il est question ici est une pierre rouge tachetée de blanc. J’insiste d’une façon qui peut paraître excessive, mais sur le plan symbolique, le mariage des contraires c’est plutôt le blanc et le rouge que le noir et le blanc. La chair et le sang, le corps et l’esprit.
Le pavé mosaïque est l’image de la terre-mer originelle, dans laquelle s’inscrivent la division et l’ordonnancement des contraires.
Le mot Porphyre est néanmoins un mot à double entrée, probablement par simple effet du hasard, peut-être par un choix éclairé. Porphyre est le nom d’un philosophe néoplatonicien, Porphyre de Tyr[4], connu pour avoir été le disciple de Plotin. Ce qui nous a interpelé, c’est son « arbre de Porphyre », un schéma qui lui permet de classer les sujets d'après le genre et l'espèce, et qui comprend les concepts suivants : l'essence, le genre, la différence, l'espèce etc…  qui sont classés suivant une série de couple d’opposés, vide et plein, animé et inanimé, rationnel et irrationnel, etc... Ce qui nous renvoie à  notre point thème, celui de la division et du partage.
Dans le Livre Rouge Jung dessine une sorte d’arbre de Porphyre. Le dessin est muet mais l’on reconnait la forme de l’arbre avec son tronc central et, de part et d’autre, les branches qui tiennent les principes opposés. La couleur y suit un motif que l’on retrouve dans tous ses dessins de cette période, à savoir un motif bicolore en forme de volutes et de flammèches. Le choix de Jung pour ce motif n’est pas innocent, il s’agit de montrer que la création est construite sur l’opposition des contraires comme si l’espace ne pouvait se développer sans que les contraires en s’opposant ne lui donnent de l’ampleur.
Pour comprendre pourquoi même les pierres aiment, il faut partir de cette parole qu'Ibn Arabi[5] a mis dans la bouche de Dieu : « j’étais un trésor caché, et j’ai aimé être connu, aussi ai-je créé le monde. »
Cette parole montre le mouvement de Dieu, vers Dieu, par la créature. Dieu veut être regardé, sans doute est-il narcissique. Il produit la créature en la séparant de lui, celle-ci est créée par extraction et séparation. Cette  créature par sa naissance même, son être même, se trouve soumise à la relation d’Amour, produite par le manque. Lorsque Dieu divise le monde, la créature séparée éprouve le manque de son unité originelle et c’est ce manque que nous appelons Amour, amour qui relie Créateur et créatures, et créatures entre elles, en vertu duquel Dieu aime Ses créatures et Ses créatures L’aiment en retour. Amour par lequel Dieu connaît ses créatures et ses créatures Le connaissent. Ainsi Dieu se connaît lui-même dans l'échange d'amour envers ses créatures.
Ce n'est pas sans raison que la bible utiliser le verbe connaitre pour désigner l'acte sexuel : l’amour est le véhicule de la connaissance. Nous en avons vu la manifestation dans l'éducation d'Isaac, sans l'amour entre le père et le fils, le voyage vers la montagne aurait été vain.
Cet amour est universel et équanime puisqu’il est fondé sur la séparation universelle entre les créatures et le créateur. Ce n’est que par l’attitude de la créature envers son Créateur que cet amour devient bénéfique ou maléfique.   

Le troisième jour se poursuit avec l’apparition des plantes et de leur semence ainsi que des arbres avec leur fruit. Le règne végétal – qui deviendra la nourriture – apparait là avec les marques de la reproduction sexuée.  Le mot n’est pas explicite, mais nous avons déjà évoqué le caractère fendu du noyau et de la semence, ajoutons ici que le mot « sexe » provient du latin du latin secare «couper, diviser». S’il n’y a que deux sexes, c’est que ceux-ci relèvent de l’opposition des contraires, comme le jour et la nuit, le sec et l’humide, le chaud et le froid.
Nous n’allons pas aller plus loin dans l’examen de la création la suite n’apportant rien à notre propos. Les jours suivants verront la création des astres, suivis de la création de animaux marins et aériens, puis des animaux terrestres, compris l’homme.
Là aussi, la création du soleil après la terre et les plantes peut paraître absurde pour un esprit rationnel, mais il ne faudrait pas croire que ceux qui ont écrit cela, ont commis cette faute par sottise. Non, acte délibéré qui fait sens sur le plan symbolique.




[2] Mentionné dans l’évangile de Jean en 19 :13. Pilate, ayant entendu ces paroles, amena Jésus dehors; et il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha
[3]En hébreux : Behat : usage unique dans la bible
[4] 234 -v.310 Ap JC – Tyr, par un heureux hasard, renvoie à Hiram de Tyr, l’architecte de Salomon.
[5] Al-Futûhât al-Makkiya d'Ibn 'Arabî, II, p. 322, chap. 178 hadith apocryphe. Ibn Arabi (1165-1240) est considéré comme le plus grand maître (cheikh al-akbar) dans la tradition soufie mais est plutôt déconsidéré par l’orthodoxie islamique. En particulier parce que sa doctrine flirte avec le panthéisme.

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