lundi 25 février 2019

Naomi, Ruth : Obed ou l'enfant qui avait deux mères.









 
Un des buts du lévirat est de donner un enfant à un homme qui est mort. L'enfant se retrouve alors avec un père symbolique, père décédé, et un homme réel, père génétique, qui fait office de père au côté de la mère.

Ici la bible est claire, elle ne reconnait que le second : 

Voici la postérité de Pérets. Pérets engendra Hetsron; Hetsron engendra Ram; Ram engendra Amminadab; Amminadab engendra Nachschon; Nachschon engendra Salmon; Salmon engendra Boaz; Boaz engendra Obed; Obed engendra Isaï; et Isaï engendra David. 

Aux dires de la bible, il n'y a comme filiation que celle qui découle du génétique. Cependant cette filiation n’est en rien une filiation patrimoniale puisque la transmission du patrimoine a été organisée par les gens et à leur convenance, ici en mimant le lévirat, arrivant à une solution qui convient à tous. Ici d'ailleurs, il n'y a aucune transmission du patrimoine d'Elimelek vers Obed, puisqu'il y a rachat du patrimoine par Boaz. Ainsi la part qui vient du patrimoine d'Elimelek est partagé avec ses autres frères qu'il a immanquablement, de même qu'il a, comme ses autres frères, une part de l'ensemble du patrimoine de Boaz.

Mais ce n'est pas un rachat simple puisqu'il y a, concomitamment, la naissance d'un fils, qui restaure sur le plan symbolique la transmission du patrimoine d'Elimelek vers un successeur.

L'artifice est éventé, le lévirat a valeur symbolique, c'est lui qui donne sens à l'acte. Mais l'acte lui même n'est pas ordonné par le lévirat puisque le rachat et le mariage suffise pour qu'il ne se passe rien d'autre que de très habituel.
La réalité étant que Boaz épouse Ruth et qu'il devient le père de ses enfants.
Comme d'hab, quoi.
De même Obed n'hérite d'une part des biens d'Elimelek que parce que Boaz les a rachetés et non en raison d'une filiation imaginaire qui n'existe pas.

Mais non content de vouloir donner deux pères au gamin, il est proposé que celui-ci ait deux mères, ainsi lorsque Ruth accouche :

Les femmes dirent à Naomi : Béni soit l'Eternel, qui ne t'a point laissé manquer aujourd'hui d'un homme ayant droit de rachat, et dont le nom sera célébré en Israël ! Cet enfant restaurera ton âme, et sera le soutien de ta vieillesse; car ta belle-fille, qui t'aime, l'a enfanté, elle qui vaut mieux pour toi que sept fils. Naomi prit l'enfant et le mit sur son sein, et elle fut sa garde. Les voisines lui donnèrent un nom, en disant : Un fils est né à Naomi ! Et elles l'appelèrent Obed. Ce fut le père d'Isaï père de David.

Un fils est né à Naomi et c'est Ruth qui la enfanté.

Obed a-t-il deux mères ?

Évidement pour Naomi qui n'a plus ni mari ni de fils, et dont la fontaine à enfant s’est tarie, avoir à nouveau un fils est inespéré. Il sera le soutien de ta vieillesse. Elles ont raisons, c'est bien ce qui se passe de façon très simple : Naomi prit l'enfant et le mit sur son sein, et elle fut sa garde.

Il y a une relation d'attachement qui se crée entre l'enfant et sa mamie et durera toute la vie. Si Ruth pose l'enfant sur le ventre de Naomi, c'est que la femme est mère par le ventre et que c'est par le contact physique que l'enfant va s'attacher à celle qui en aura la garde : il est porté comme il était porté dans le corps de sa mère, ça devient aussi sa propre maman.

Cependant le texte nous arrête : elle fut sa garde. C'est à dire qu'elle ne fut ni sa mère, ni sa nourrice. Elle fut celle qui gardait le petit pendant que la maman vaquait à ses occupations de femme.

Il y a simplement un lien d'amour qui est partagé entre Ruth et Naomi qui est naturellement partagé avec Obed quand il vient au jour.


Bien que la bible ne le raconte pas, on imagine facilement que Boaz, qui parait comme un homme mûr, vaste propriétaire terrien, est déjà âgé. Qu'il a déjà femme, sans doute plusieurs. Et des enfants peut-être grands.

Pas plus qu'entre Tamar et Juda, il n'y a pas lieu de penser que s'instaure une vie maritale. Ruth et Naomi habite ensemble dans une aile des dépendances, Boaz passe à l'occasion accomplir son devoir d'homme. L'enfant est élevé par les deux femmes, l'une est sa mère, l'autre la compagne de la mère. Lorsque Boaz mourra, Ruth sera une jeune veuve régnant sur la maison de son fils sous l’œil de Naomi la mamie qui raconte les histoires.
Il n'y a en réalité aucune transgression de la filiation dans l'histoire de Ruth, il y a au mieux des histoires que les gens se sont racontées pour se faire plaisir, c'est le plus naturellement du monde qu'Obed est le fils de Ruth et de Boaz, comme le rappelle la généalogie de Jésus rapporté par matthieu :

Boaz engendra Obed de Ruth;


 











samedi 23 février 2019

Ruth ou le Lévirat 3/3 Ruth



Le livre de Ruth raconte l'histoire de trois femmes, trois veuves sans enfant.
Deux brus et une belle mère.

Un de thèmes importants du livre est le lévirat avec cette particularité qu'il n'y a pas lévirat dans l'histoire, sauf comme mise en scène. Pas de frère, pas de maisonnée, donc pas de lévirat. Une histoire de remariage ordinaire.

L'histoire se passe à Bethléem le pays de Rachel, surnommée "la mère des juifs". Ce n'est sans doute pas une coïncidence, il s'agit d'une quête à l'enfant. à l'enfant mâle.

Ruth descend de Moab, l'un des fils né de la relation incestueuse de Loth et de ses filles.  Elle est citée dans la généalogie de Jésus. Si le mariage d'une femme juive avec un homme moabite est interdit, il n'en est rien pour un homme juif avec une femme moabite. Bien que ces gens soient considérés comme impurs.

L’histoire est d’une grande simplicité : Elimelek et sa femme ont quitté Bethléem leur pays natal pour celui de Moab, dans lequel ils s’installent. Il a deux fils puis il meurt. Ses fils épousent des filles moabites et décèdent à leur tour. La cellule familiale est alors réduite à trois femmes, trois veuves. Naomi, la femme d’Elimelek décide de rentrer à Bethléem et renvoie ces belles filles. L’une des deux retournera en pays Moab alors que l’autre, Ruth, c’est parfaitement libre qu’elle choisit de rester avec Naomi :  

Que l'Eternel me traite dans toute sa rigueur, si autre chose que la mort vient à me séparer de toi!  (Ruth 1 :17) 

Toujours est-il qui Naomi rentre au pays avec Ruth.
Pour qu’elles puissent survivre, Ruth ira glaner dans les champs où elle rencontrera Boaz, de la famille d'Elimelek le mari défunt de Naom, un riche propriétaire terrien qui l’épousera.




Boaz prit Ruth, qui devint sa femme, et il alla vers elle. L'Eternel permit à Ruth de concevoir, et elle enfanta un fils.

Le modèle de transmission décrit dans la bible est celui d'une transmission unilinéaire paternelle. Les femmes quittaient leur famille pour vivre et appartenir à la famille du mari et ne prenaient pas part à l'héritage pour ne pas emporter une part du patrimoine dans la famille d'un étranger. Seul l'homme possédait et transmettait le patrimoine, pendant que la femme transmettait le corps humain. Puisqu'en l'absence du corps vivant, il n'y a pas de patrimoine associé. 

Donc le problème survient avec la mort d'Elimelek et de ses deux fils, Kiljon et Machlon. Il n'y a plus de descendance mâle, donc il n'y a plus personne pour posséder le bien. Ni Naomi et Ruth ne peuvent espérer transmettre le patrimoine d'Elimelek. Lorsque les femmes se séparent, on a un peu l'impression qu'elles sont au bout de leur vie et que chacune doit trouver la solution pour sauver sa peau. Avec le risque de finir dans la pauvreté, la mendicité, voire pire encore.
Naomi est veuve, ses fils sont morts. Elle possède un bien qu’elle tient de son mari qui n’a pas d’héritier, elle doit le vendre pour vivre et donc le consommer avant de mourir, puisque personne n’en héritera. Ruth et sa sœur n'auront rien. Soit retourner chez le père et espérer le remariage.
Soit rester avec Naomi et espérer le remariage. Le remariage pourquoi ? Pour avoir un fils. Un fils pourquoi ? Parce que c'est un gage de retraite. Une fois que le mari décède, il faut être avec celui qui possède le patrimoine, le fils. Sinon c'est misère et mendicité. Ainsi Tamar veut un fils des descendants de Juda pour vivre du patrimoine de Juda. Ce n'est pas du parasitisme, c'est juste avoir à manger tous les jours.

Boaz apporte la solution, il rachète le patrimoine d'Elimelek et fait un enfant à Ruth, d'une pierre, deux coups.

Alors Boaz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes témoins aujourd'hui que j'ai acquis de la main de Naomi tout ce qui appartenait à Elimélec, à Kiljon et à Machlon, et que je me suis également acquis pour femme Ruth la Moabite, femme de Machlon, pour relever le nom du défunt dans son héritage, et afin que le nom du défunt ne soit point retranché d'entre ses frères et de la porte de son lieu. Vous en êtes témoins aujourd'hui !

Boaz dit : Le jour où tu acquerras le champ de la main de Naomi, tu l'acquerras en même temps de Ruth la Moabite, femme du défunt, pour relever le nom du défunt dans son héritage.
 
Avec les biens matériels, il rachète Ruth qui devient sa femme (c’est-à-dire qu'il couche avec),
De l'union naitra un enfant, solution du problème.
Pour Ruth, l'apparence du lévirat est plutôt bienvenue puisque c'est pour son défunt mari qu'elle se donne à Boaz, il n'y a pas trahison du mariage initial mais accomplissement, puisqu'il aboutit à la naissance d'un héritier, certes tout symbolique, mais qui aura sa part de l'héritage d'Elimelek et de Machlon. Donc on s'aperçoit que ce semblant de lévirat, qui est pure convention sociale, jeu de théâtre, satisfait tout le monde ; Boaz, Ruth, Naomi. Sans oublier bien sûr l'assemblée qui acquiesce, ou encore le lecteur qui applaudit à ce dénouement heureux. 

La question de la transmission et de l’héritage est au cœur du drame de Ruth et de Naomi qui sont sur ce plan compagnes d'infortunes dans une même situation : pas de fils. Mais pour Ruth et Naomi, c'est l'enfant qui est important. Boaz est plus âgé, et s'il décède, il faut qu'un fils prenne la relève.
On a du mal à voir ce que fait cette histoire de remariage et de transmission dans la bible, s'il n'y avait l'enseignement moral d'une rédemption, d'une double rédemption même, puisque c'est celle de Ruth et de Naomi. Celle-ci s'accomplit dans la vie même des protagonistes et non dans un au-delà inconnu, par la naissance de l'enfant, récompense et solution du drame.


Cet enfant restaurera ton âme, et sera le soutien de ta vieillesse.  

Dans le Livre de Ruth, le fils est l'assurance retraite de la mère.











jeudi 21 février 2019

Ruth, ou le Lévirat 2/3 : Tamar et Onan, Juda



Tamar et Onan

La première histoire illustrant la coutume du lévirat est de celle de Tamar, la belle fille de Juda que nous avons évoqué en parlant de l'abus de la femme sur l'homme consistant à faire un petit dans le dos. Ce qu'elle fit à Juda après une succession d'évènements qui la conduisirent à ce choix.

Chronologiquement, l'histoire de Tamar est en Genèse 38 et sert de modèle à la loi du Deutéronome.

Juda a trois fils ainsi l'histoire de Tamar se déroule en trois temps.  Un temps pour chaque fils.

Dans le premier temps Juda prit pour Er, son premier-né, une femme nommée Tamar.

Le nom de Tamar  mérite d'être examiné puisque le mot désigne le palmier avec une racine suggérant l'érection. Les dattes qui poussent sous le feuillage évoque les gonades, ce qui donne au nom de Tamar une forte connotation sexuelle.

Hélas , Er était méchant aux yeux de l'Eternel; et l'Eternel le fit mourir.

Alors Juda dit à Onan : Va vers la femme de ton frère, prends-la, comme beau-frère, et suscite une postérité à ton frère. Onan, sachant que cette postérité ne serait pas à lui, se souillait à terre lorsqu'il allait vers la femme de son frère, afin de ne pas donner de postérité à son frère. Ce qu'il faisait déplut à l'Eternel, qui le fit aussi mourir.  

Comme à l'accoutumé, nous trouvons un Juda actif face à Tamar complétement passive. C'est lui qui décide et organise le mariage de Tamar et son remariage avec Onan.

Onan a donné son nom à l'onanisme, la masturbation masculine parce qu'il "se souillait à terre" .

L'acte d'Onan est là pour signifier que ce qu'on attend de lui est qu'il donne son sperme. Ce qu'il refuse, aussi Dieu le fait mourir.

Le don de sperme pour faire un fils à son frère défunt est présenté comme une injonction divine. 

La situation de l'enfant est celle de l'enfant né du facteur : le père est celui que désigne la mère. Ici il s'agit de créer une filiation qui est manquante pour un homme qui n'a pas eu d'enfant mâle. La confraternité du géniteur et du père défunt, permet la transmission clanique vers cet ancêtre commun à tous les frères.

Le premier fils mort, le second fils mort.
Peut-être que Juda avait entendu parler de cette histoire que des Saducéens racontèrent plus tard à Jésus, et qui voit sept frères mourir tour à tour au contact d'une même femme. Aussi il éloigne Tamar au prétexte que le troisième est encore petit, la renvoyant dans la maison de son père, comme veuve.

Sauf que, profitant de la faiblesse de Juda, veuf ayant purgé son deuil, Juda la vit, et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait couvert son visage. Il l'aborda sur le chemin, et dit : Laisse-moi aller vers toi. Car il ne connut pas que c'était sa belle-fille. 

Résultat le polichinelle est dans le tiroir. Sauf que la gourgandine lui demande de laisser un gage avec lequelle elle pourra le confondre.

Quand on annonce que sa belle fille s'est prostituée, Juda dit : Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée.   

Sauf que voilà, c'est lui le père. Témoignage de Juda en main, elle le tient par les couilles.

Curieusement, en Deutéronome, l'énoncé du lévirat se poursuit par ce verset :

Lorsque des hommes se querelleront ensemble, l'un avec l'autre, si la femme de l'un s'approche pour délivrer son mari de la main de celui qui le frappe, si elle avance la main et saisit ce dernier par les parties honteuses, tu lui couperas la main, tu ne jetteras sur elle aucun regard de pitié.
Il faut se rappeler ici de l'étymologie du mot testicule même racine que testament témoignage, attester. Ici la femme ne peut pas user de ce qu'elle sait dans une dispute entre hommes. Là, elle peut faire valoir ses droits pour que le père assume ses devoirs.

Comme la loi du Deutéronome l'exprime, après que l'homme ait refusé de donner le fils, la femme peut exiger son dû. De passive, la femme devient active. Elle le fait ici par la ruse. Juda reconnait sa défaite et son humiliation publique .

Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à Schéla, mon fils.

Et il ne la connut plus.

Il semble que le lévirat ne conduise pas à la vie maritale, une fois la tache reproductive accomplie, cependant la résidence de la femme reste la maison du frère du défunt.
 
A ce stade, la question se pose : pourquoi Tamar tient-elle tant à avoir un fils ?

Nous aurons la réponse en lisant l'histoire de Ruth.








 

 


mardi 19 février 2019

Tamar et Ruth, ou le Lévirat 1/3





Le Lévirat


Le lévirat est une coutume ancienne : la veuve d'un homme décédé sans descendance mâle épouse un frère de l'époux.

La bible apporte un regard intéressant sur la question avec le point de vue de deux femmes, Tamar et Ruth.

 Décrite chez les amérindiens par Levis Strauss, cette pratique est encore très présente en Afrique noire, mais aussi en Inde, en Chine ou en Mongolie. Elle existe de façon marginale en milieu islamique puisque la polygamie la permet. Pour la raison inverse, elle est interdite en pays chrétien, bien qu'elle n'ait pas été désapprouvé par Jésus.
Donc il s'agit d'une pratique coutumière étendue dans le temps et l'espace.

Le lévirat est dénoncé comme étant une pratique rétrograde, limitant les droits des femmes et maintenant l'idée qu' une veuve fait partie de l'héritage, certains le qualifiant de coutume barbare.
Ce qui sous entend, compte tenu de l'étendu de la pratique que les êtres humains sont barbares.

https://kayamaga.com/afrique-societe-le-levirat-une-pratique-a-la-peau-dure/

Notons quand même que ces gens soignent des maladies que les gens n'ont pas :
(https://www.refworld.org/docid/440ed6e5a.html )
 La représentante de l'ALVF ne connaît pas de cas où une femme ait porté plainte devant la justice ou devant les autorités administratives pour avoir été contrainte d'épouser un frère de son mari décédé.

Dans un premier temps nous allons examiner l'aspect juridique tel qu'il est rédigé dans Deutéronome 25.5 avec un premier article pour l'homme et un second pour la femme, nous examinerons le cas de Tamar et de Ruth ensuite.

Pour l'homme : 
 
Lorsque des frères demeureront ensemble, et que l'un d'eux mourra sans laisser de fils, la femme du défunt ne se mariera point au dehors avec un étranger, mais son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme, et l'épousera comme beau-frère. Le premier-né qu'elle enfantera succédera au frère mort et portera son nom, afin que ce nom ne soit pas effacé d'Israël.
La situation "lorsque des frères demeureront ensemble" est la situation usuelle en climat patrilocal. Le lieu de l'acte est la maison, maison des frères et de la femme .
La question est de gérer le droit du mort et de sa succession. 
A l'époque des premiers hébreux, la pensée était matérialiste et ne concevait l'immortalité qu'à travers la transmission du nom qu'il fallait maintenir en mémoire à travers la succession des générations qui maintenait la chaîne ininterrompue.

L'objectif est de faire un enfant mâle et de lui donner le nom du défunt.
Les veuves qui peuvent être concernées sont celles sans enfant ou n'ayant que des filles. La présence d'un seul enfant mâle suffit à ce que le nouveau mariage ne se fasse pas. Alors la mère est la régente de la maison de son fils, jusqu'à l'age adulte de celui-ci.

 Pour la femme :

Si cet homme ne veut pas prendre sa belle-soeur, elle montera à la porte vers les anciens, et dira : Mon beau-frère refuse de relever en Israël le nom de son frère, il ne veut pas m'épouser par droit de beau-frère.  
 Les anciens de la ville l'appelleront, et lui parleront. S'il persiste, et dit : Je ne veux pas la prendre,  alors sa belle-soeur s'approchera de lui en présence des anciens, lui ôtera son soulier du pied, et lui crachera au visage. Et prenant la parole, elle dira : Ainsi sera fait à l'homme qui ne relève pas la maison de son frère. Et sa maison sera appelée en Israël la maison du déchaussé.
Ici le lévirat est présenté comme un droit de la femme qu'elle doit faire respecter. Le frère défaillant est alors humilié publiquement par la femme.
Le lévirat n'est pas un choix mais une obligation puisque, sous le terme de faire yibboum, le lévirat apparait parmi les 613 mitsvot que tout bon juif doit connaître et mettre en application si l'occasion se présente.

Notons que le sororat existe aussi, qu'il est beaucoup plus rare et que le but est souvent de remplacer la mère défunte lorsqu'elle a des enfants en bas age. Une femme mourant en couche serait remplacée par sa soeur.






dimanche 17 février 2019

Sarah, Rebecca, Léa et Rachel ou l'endogamie patriarcale



Sarah







L'Eternel dit à Abram : Va, quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père pour te rendre dans le pays que je t'indiquerai.

Ainsi commence l'histoire d'Abraham. Il quitte le pays de son père avec sa femme qui était Saraï sa demi-soeur.

C'est ce qu'il dit :

De plus, elle est réellement ma parente, puisqu'elle est fille de mon père, mais pas de ma mère. Et elle est devenue ma femme.

On voit que le modèle est encore ici le mariage arabe mais en plus radical, puisqu'il ne s'agit plus du mariage avec le fils du frère du père, mais avec le fils du père directement.
Notons qu'il n'aurait pas pu se marier si Saraï avait été fille de sa mère puisqu'alors, elle aurait été aussi fille de son père en raison de la monogamie de la femme. Cela aurait un inceste pur, où le fils couche avec sa mère par l'intermédiaire de la fille. Coucher avec la fille du père n'est pas incestueux parce que la mère n'apparait pas.


Rebecca




Lorsque Sarah décède, Abraham se met en quête d'une épouse pour son fils Isaac. Il envoie un serviteur vers Béthuel, neveu d'Abraham, fils de Nachor son frère, et père de Rebecca et de Laban.

Abraham était un vieillard très âgé. L'Eternel l'avait béni en toutes choses. Il dit à son serviteur le plus ancien qui administrait tous ses biens : Place ta main sous ma cuisse et jure-moi par l'Eternel, le Dieu du ciel et le Dieu de la terre, que tu ne prendras pas pour mon fils une femme parmi les filles des Cananéens, au milieu desquels j'habite, mais que tu iras dans mon pays, au sein de ma parenté, prendre une femme pour mon fils Isaac.

Le serviteur reviendra avec Rebecca, petite nièce, qui est mariée à Isaac.
Rebecca est fille de Nachor et de Milka. Nachor est le frère d'Abraham tandis que Milka, femme de Nachor est fille d'Haran, frères d'Abraham et de Nachor.
Ainsi Nachor a épousé les filles de son frère.

Léa, Rachel, Zilpa et Bilha





Lorsqu'il sera question du mariage de Jacob, c'est la femme, Rebecca qui refuse l'alliance avec des femmes du cru :

Rebecca alla dire à Isaac : Je suis dégoûtée de la vie à cause de ces femmes hittites. Si Jacob épouse aussi une des filles de ce pays, cela ne vaut plus la peine que je vive.

Alors Isaac appela Jacob, il le bénit et lui donna cet ordre : Tu n'épouseras pas une Cananéenne. Mets-toi en route, va à Paddân-Aram chez Betouel, ton grand-père maternel, et prends une femme de là-bas parmi les filles de ton oncle Laban.
 

Jacob reviendra avec quatre femmes. Deux épouses, Léa et Rachel, et deux servantes Zilpa et Bilha . Servantes à qui il fera des enfants. Comme le soutiennent les rabbins, il y a tout lieu de penser, compte tenu du contexte familiale clanique, que les deux servantes sont également des filles de Laban. Probablement des filles de concubines, femmes de second rang qui fournissent les servantes. De sorte qu'on peut dire de Laban qu'il est l'autre père des douze tribus d'Israël puisqu'il fournit l'ensemble des matrices qui donneront le peuple juif.


Pour faire bonne mesure, il faut ajouter qu'Abraham eut deux autres épouses, une egyptienne et l'autre venant d'on ne sait, auxquelles il  fit encore de nombreux enfants mais ceux-ci sont comme des enfant illégitime, il ne font pas partis du clan Abrahamique.

Esaü, lui, considéré comme le mauvais fils épousera trois femmes, issues de trois clans différents.
Il aura de nombreux fils, sa descendance est Edom, ce qui veut dire "les chrétiens".


On se souvient également qu'Abraham et Isaac ont du mal à faire la différence entre soeurs et femmes. Nous sommes ici en présence d'un clan qui refuse de se mélanger avec l'étranger et cherche à conserver pur le lignage. Puisqu'il ne sont pas sédentaire, que la propriété terrienne n'est pas d'actualité, ce qu'ils conservent c'est vraiment le génome, la descendance filiale.
A n'en pas douter ce genre de choix de vie ne devait pas trop entrainé de complication génétique parce que la vie nomade devait permettre que souvent les femmes soient engrossées par des hommes de rencontre comme l'on montré l'exemple de Saraï et de Rebecca  qui se sont tranquillement laissé attiré par Pharaon et Abimelek.

Quoiqu'il en soit,aujourd'hui encore, cet exemple des patriarches qui sert à justifier l'endogamie juive.
 vécu dans sa dimension tribale de reproduction entre soi.

Pourtant dès la génération suivante avec Judas épouse un cananéenne et Joseph une égyptienne. Le temps des patriarches pourraient tout à fait être aussi compris comme un moment, un stade, une étape de l'aventure humaine amenant de l'endogamie vers l'exogamie.



 










 

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