jeudi 21 février 2019

Ruth, ou le Lévirat 2/3 : Tamar et Onan, Juda



Tamar et Onan

La première histoire illustrant la coutume du lévirat est de celle de Tamar, la belle fille de Juda que nous avons évoqué en parlant de l'abus de la femme sur l'homme consistant à faire un petit dans le dos. Ce qu'elle fit à Juda après une succession d'évènements qui la conduisirent à ce choix.

Chronologiquement, l'histoire de Tamar est en Genèse 38 et sert de modèle à la loi du Deutéronome.

Juda a trois fils ainsi l'histoire de Tamar se déroule en trois temps.  Un temps pour chaque fils.

Dans le premier temps Juda prit pour Er, son premier-né, une femme nommée Tamar.

Le nom de Tamar  mérite d'être examiné puisque le mot désigne le palmier avec une racine suggérant l'érection. Les dattes qui poussent sous le feuillage évoque les gonades, ce qui donne au nom de Tamar une forte connotation sexuelle.

Hélas , Er était méchant aux yeux de l'Eternel; et l'Eternel le fit mourir.

Alors Juda dit à Onan : Va vers la femme de ton frère, prends-la, comme beau-frère, et suscite une postérité à ton frère. Onan, sachant que cette postérité ne serait pas à lui, se souillait à terre lorsqu'il allait vers la femme de son frère, afin de ne pas donner de postérité à son frère. Ce qu'il faisait déplut à l'Eternel, qui le fit aussi mourir.  

Comme à l'accoutumé, nous trouvons un Juda actif face à Tamar complétement passive. C'est lui qui décide et organise le mariage de Tamar et son remariage avec Onan.

Onan a donné son nom à l'onanisme, la masturbation masculine parce qu'il "se souillait à terre" .

L'acte d'Onan est là pour signifier que ce qu'on attend de lui est qu'il donne son sperme. Ce qu'il refuse, aussi Dieu le fait mourir.

Le don de sperme pour faire un fils à son frère défunt est présenté comme une injonction divine. 

La situation de l'enfant est celle de l'enfant né du facteur : le père est celui que désigne la mère. Ici il s'agit de créer une filiation qui est manquante pour un homme qui n'a pas eu d'enfant mâle. La confraternité du géniteur et du père défunt, permet la transmission clanique vers cet ancêtre commun à tous les frères.

Le premier fils mort, le second fils mort.
Peut-être que Juda avait entendu parler de cette histoire que des Saducéens racontèrent plus tard à Jésus, et qui voit sept frères mourir tour à tour au contact d'une même femme. Aussi il éloigne Tamar au prétexte que le troisième est encore petit, la renvoyant dans la maison de son père, comme veuve.

Sauf que, profitant de la faiblesse de Juda, veuf ayant purgé son deuil, Juda la vit, et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait couvert son visage. Il l'aborda sur le chemin, et dit : Laisse-moi aller vers toi. Car il ne connut pas que c'était sa belle-fille. 

Résultat le polichinelle est dans le tiroir. Sauf que la gourgandine lui demande de laisser un gage avec lequelle elle pourra le confondre.

Quand on annonce que sa belle fille s'est prostituée, Juda dit : Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée.   

Sauf que voilà, c'est lui le père. Témoignage de Juda en main, elle le tient par les couilles.

Curieusement, en Deutéronome, l'énoncé du lévirat se poursuit par ce verset :

Lorsque des hommes se querelleront ensemble, l'un avec l'autre, si la femme de l'un s'approche pour délivrer son mari de la main de celui qui le frappe, si elle avance la main et saisit ce dernier par les parties honteuses, tu lui couperas la main, tu ne jetteras sur elle aucun regard de pitié.
Il faut se rappeler ici de l'étymologie du mot testicule même racine que testament témoignage, attester. Ici la femme ne peut pas user de ce qu'elle sait dans une dispute entre hommes. Là, elle peut faire valoir ses droits pour que le père assume ses devoirs.

Comme la loi du Deutéronome l'exprime, après que l'homme ait refusé de donner le fils, la femme peut exiger son dû. De passive, la femme devient active. Elle le fait ici par la ruse. Juda reconnait sa défaite et son humiliation publique .

Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à Schéla, mon fils.

Et il ne la connut plus.

Il semble que le lévirat ne conduise pas à la vie maritale, une fois la tache reproductive accomplie, cependant la résidence de la femme reste la maison du frère du défunt.
 
A ce stade, la question se pose : pourquoi Tamar tient-elle tant à avoir un fils ?

Nous aurons la réponse en lisant l'histoire de Ruth.








 

 


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