jeudi 7 février 2019

Le jugement de Salomon



On se souvient que deux femmes se disputaient un nouveau-né parce que l’enfant de l’une d’elle était décédé pendant la nuit. Elles furent conduites devant Salomon pour qu’il tranche leur litige. Coupez-le en deux, ordonna-t-il. Se révèle alors, la mère et l’affabulatrice.

Bien évidement Salomon n’avait pas plus l’intention de couper le bébé en deux que Dieu n’avait celle de faire égorger Isaac. Il s’agit, ici comme là, d’une mise à l’épreuve dans le but de faire apparaître la vérité : qui est le vrai père ? Celui qui ne refuse pas son enfant à Dieu. Qui est la vraie mère ? Celle qui est prête à se sacrifier pour que l’enfant vive.

Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. Et l'on craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses jugements. 1 roi 3 :28
Le but de cette anecdote est de montrer en Salomon l’exemple de la justice, mais le litige qu’on lui donne à juger n’est pas anecdotique. Le lot du juge est de trancher des questions de propriété. Ici, il s’agit de savoir à qui appartient l’enfant. Ce qui fait la propriété c’est l’enfant. Ce que rappelle Abram en genèse 15 : Voici, tu ne m'as pas donné de postérité, et celui qui est né dans ma maison sera mon héritier.
Abraham a besoin de transmettre, sans quoi sa vie n’a pas de sens.  Et pour transmettre, il lui faut le fils. Pas de propriété sans transmission, pas de transmission sans fils.
Ici, il s’agit de prostitués, pour des femmes mariées la question ne se posait pas : la femme habiterait dans la maison du père et l’enfant lui appartiendrait. Ici le père apparait entre les femmes, sous les traits de Salomon et de son épée.

On a pu lire que Salomon désignait la mère comme celle aimant l’enfant indépendamment de la réalité biologique, or il n’en est rien : Salomon veut faire apparaître la vérité et la vérité est que la mère biologique est celle qui aime l’enfant. Il n’y a pas chez Salomon cette dissociation qui voudrait séparer l’amour du biologique, il y a au contraire cette idée que l’amour révèle le biologique.

Un autre enseignement est à tirer : Salomon est confronté à une question dont il sait qu’il existe une réponse absolue. Chaque enfant possède une mère et une seule mère dont on a la certitude absolue par le fait que l’enfant passe entre les cuisses d’une seule femme. Le thème du jugement fait partie des rares choses humaines sur lesquels n’existe aucune incertitude. Ce que soulignait le droit romain Mater semper certa est, règle irréfragable, c’est à dire ne souffrant d’aucune contradiction et qui veut la mère de l’enfant soit toujours connue. Un enfant ne peut avoir deux mères et ne saurait être partagé entre deux femmes. C’est ce que l’on croyait jusqu’à il y a peu, il y a vingt ans encore, et voilà qu'un  enfant peut maintenant avoir, deux, trois ou quatre mères.

Nous sommes donc passés d’une règle de droit irréfragable à quelque chose de complètement évasif. Pourtant, y a-t-il eu quelque chose de changé ? Est-ce que les moyens de la technique changent l’humain ? S’il faut dire que ce qui se passe avec Sarah est déjà de la GPA, alors il faut dire que les moyens de la technique n’ont rien changé de ce qui existait déjà dans les faits et ce qui était répréhensible avant, le fait de s’approprier l’enfant d’une autre, n’a pas de raison de ne plus l’être quand la technicité se contente au final de recouvrir l’acte d’un vernis de froideur scientifique.

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